Jorge Alonzo (1878-1944) et Andréa Zueras (1886-1944)
Originaires d’Espagne, Jorge Alonzo et son épouse Andréa Zueras se marient en 1905 et s’établissent en France à partir de 1912. Ouvrier manœuvre, Jorge Alonzo travaille pendant quatorze années dans la région bordelaise jusqu’en 1926 où il demande sa naturalisation française, souhaitant s’installer définitivement en France. Le couple, ainsi que ses onze enfants, obtient la nationalité en 1927. Jorge Alonzo s’était notamment illustré en sauvant un homme sur son lieu de travail, à la société des Docks Sursols, située sur la rive droite de la Garonne à Bordeaux.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Jorge Alonzo n’est pas mobilisé en raison de son âge, mais quatre de ses fils, trois bûcherons et un matelot, servent sous les drapeaux jusqu’en 1940.
Le 26 novembre 1941, une lettre adressée au préfet de la Gironde signale Jorge Alonzo et ses fils Justin et Michel comme « individus dangereux pour la sécurité publique ». Les autorités préfectorales préconisent alors une procédure de dénaturalisation à leur encontre, en application de la loi du 22 juillet 1940 promulguée par le régime de Vichy. Malgré des années de travail en France et le service rendu à la Nation, la famille Alonzo est ainsi visée en raison de son origine étrangère. Cette décision s’appuie sur des rapports de police et de gendarmerie, cherchant à légitimer une mesure essentiellement politique et xénophobe.
Le 3 août 1942, Jorge et Andréa Alonzo sont officiellement déchus de leur nationalité française.
Le 5 mars 1943, ils sont internés comme prisonniers politiques au camp de Beaudésert, avec son épouse Andréa et sept de leurs onze enfants. Le couple décède le 27 mars 1944, victime des bombardements alliés qui touchent le camp d’internement.
Leur corps sont exhumés le 12 septembre 1973 du cimetière de Mérignac et transportés au cimetière de la Teste-de-Buch (Gironde). À ce jour, seul Jorge est mentionné sur le site « Mémoire des Hommes », contrairement à son épouse.
Leur parcours témoigne de la dure réalité vécue par de nombreuses familles étrangères, persécutées durant la Seconde Guerre mondiale.