Dans la nuit du 19 au 20 juin 1940, Bordeaux est bombardée par la Luftwaffe. Peu après, la ville devient le siège du haut commandement allemand. Elle est officiellement occupée, tout comme Mérignac. Les populations y vivent désormais à l’heure allemande.

Bordeaux, entre Occupation et collaboration

Fin juin, le gouvernement quitte la capitale girondine pour Vichy. Le maire de Bordeaux, Adrien Marquet, devient ministre de l’Intérieur. Il collabore étroitement avec les forces d’Occupation. Le préfet François Pierre-Alype, nommé le 5 août 1940 est, lui aussi, un pétainiste convaincu. Il est remplacé par Maurice Sabatier en mai 1942, qui désigne Maurice Papon secrétaire général de la préfecture de la Gironde.

 

 

Arrivée des Allemands à Bordeaux, cours Pasteur, [1940]. Photographie N et B, auteur inconnu. Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux XLV D 15.
Arrivée des Allemands à Bordeaux, cours Pasteur, [1940].
Photographie N et B, auteur inconnu.
Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux XLV D 15.

La Ville et ses habitants se trouvent pris dans un étau entre les autorités allemandes et les organisations vichystes, représentées par la préfecture et la mairie.
Entre juin 1942 et août 1944, l’occupation de Bordeaux par les Allemands est marquée par une répression accrue.

Revue des troupes, place Pey-Berland à Bordeaux, [1940-1944]. Photographie N et B, auteur inconnu. Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux 21 Fi 7.
Revue des troupes, place Pey-Berland à Bordeaux, [1940-1944].
Photographie N et B, auteur inconnu.
Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux 21 Fi 7.
L’Exode, juin 1940.<br />Le pont de Pierre vu de la Rive droite (Bordeaux), 1942. Eau-forte, Charles Philippe. Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux Fi XLV D 1.
L’Exode, juin 1940.
Le pont de Pierre vu de la Rive droite (Bordeaux), 1942.
Eau-forte, Charles Philippe.
Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux Fi XLV D 1.

 

Avec la débâcle militaire du printemps 1940, des millions de civils fuient. Ils s’ajoutent aux réfugiés espagnols, aux émigrés juifs et aux évacués de Meurthe-et-Moselle.
En quelques semaines, la population bordelaise passe de 300 000 à 700 000 habitants, entraînant une pénurie de denrées, d’eau et d’hébergements.

Mérignac en temps de guerre

À la veille de la guerre, Mérignac connaît un essor urbain et démographique sans précédent. Sous l’impulsion de Benjamin Saufrignon, maire depuis 1927, des travaux permettent de moderniser la cité. Les premiers lotissements sortent de terre et la population passe de 11 939 habitants en 1926 à 21 417 habitants en 1946.

Vue aérienne du centre-ville de Mérignac, 1953. Photographie N et B, Ets J. Richard, R. Henrard. Archives communales de Mérignac, 9 Fi 55.
Vue aérienne du centre-ville de Mérignac, 1953.
Photographie N et B, Ets J. Richard, R. Henrard.
Archives communales de Mérignac, 9 Fi 55.
Ancienne stèle de l’Envol à Beutre, inaugurée le 10 novembre 1945.Photographie N et B, Jacques Rossignol Reporter Photographe. Archives communales de Mérignac, 15 Fi 211.
Ancienne stèle de l’Envol à Beutre, inaugurée le 10 novembre 1945.
Photographie N et B, Jacques Rossignol Reporter Photographe.
Archives communales de Mérignac, 15 Fi 211.

 

Sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, le général de Gaulle est envoyé en mission en Grande-Bretagne, pour demander des renforts. De retour à Bordeaux, il apprend la nomination du maréchal Pétain à la présidence du Conseil.

En désaccord avec les négociations d’armistice et refusant la défaite, il s’envole depuis Mérignac pour Londres, le 17 juin 1940. Le lendemain, avec l’appui de Winston Churchill, il lance un appel à poursuivre le combat sur les ondes de la BBC.

La vie sous l’Occupation

1er juillet 1940 : les Allemands entrent dans Mérignac. Entre 5 000 et 12 000 hommes constituent les troupes de l’Occupation. Les installations aéroportuaires sont occupées par la Luftwaffe, l’armée de l’Air allemande ; de nombreux logements sont réquisitionnés, ainsi que des usines.
Comme partout, le quotidien des Mérignacais est bouleversé, régi par les consignes de l’occupant. Les pendules sont avancées d’une heure, la circulation de nuit est soumise à autorisation. Le ravitaillement (vivres et combustible) est la préoccupation principale. Des services auxiliaires sont créés pour faire face aux obligations de rationnement, installés dans l’ancienne église Saint-Vincent.

Maison communale [actuel Mérignac-Ciné] et avenue du Grand-Louis [actuelle avenue de la Libération], où le tramway circule vers Capeyron, [1933-1936]. Carte postale bleue, M.D. Archives communales de Mérignac, 13 Fi 53.
Maison communale [actuel Mérignac-Ciné] et avenue du Grand-Louis [actuelle avenue de la Libération], où le tramway circule vers Capeyron, [1933-1936].
Carte postale bleue, M.D.
Archives communales de Mérignac, 13 Fi 53.

Le bruit des sirènes

La forte présence allemande et la situation stratégique de la ville conduisent les troupes alliées à en faire une cible privilégiée : les bombardements n’épargnent pas Mérignac. Dès le 2 septembre 1939, une sirène a été installée pour avertir la population dans le cadre de la défense passive.

 

« […] six ou sept vagues de vingt avions sur le camp d’aviation qui a été détruit entièrement. Nombreuses victimes même à moins d’un kilomètre d’ici. Quantité de blessés, hôpitaux encombrés… La maison, très secouée, vibre. »

Extrait du journal de Maurice Rémon, auteur et habitant
Capeyron, en date du 27 mars 1944.
Archives communales de Mérignac, 3 C 221.

 

Bombardement de l’aéroport de Mérignac, occupé par l’armée allemande, 15 juin 1944. Photographie aérienne N et B. National Archives and Records Administration (NARA), États-Unis.
Bombardement de l’aéroport de Mérignac, occupé par l’armée allemande, 15 juin 1944.
Photographie aérienne N et B.
National Archives and Records Administration (NARA), États-Unis.

À partir d’août 1943, les Alliés attaquent les forces allemandes présentes sur la base aérienne et l’aérodrome.
Le 5 janvier 1944, trois vagues de 21 avions bombardent Beaudésert, faisant de nombreuses victimes.

Une « collaboration loyale » avec les autorités

Pendant la durée du conflit, le conseil municipal est le relais du pouvoir de Vichy. Le maire est chargé de l’exécution des décisions du préfet et est l’interlocuteur des Allemands.
Le 20 août 1940, Benjamin Saufrignon fait part de la collaboration loyale qui existe entre les autorités allemandes et la municipalité, laquelle s’est dotée d’un interprète. Il continue de défendre les intérêts de ses administrés avec paternalisme. Le premier magistrat est confirmé dans ses fonctions le 8 avril 1941, à la tête d’un conseil municipal peu remanié.
À la Libération, il est emprisonné au fort du Hâ, à Bordeaux, mais ne sera pas poursuivi pour actes de collaboration.

Portrait de Benjamin Saufrignon, maire de Mérignac, [1927-1944]. Photographie N et B, Ernest Boisnier. Archives communales de Mérignac. Fonds Ernest et Lucien Boisnier, 7 Num 338.
Portrait de Benjamin Saufrignon, maire de Mérignac, [1927-1944].
Photographie N et B, Ernest Boisnier. Archives communales de Mérignac.
Fonds Ernest et Lucien Boisnier, 7 Num 338.
Cérémonie de la Muse du Travail, 1939.Photographie N et B, auteur inconnu. Archives communales de Mérignac, 9 Fi 254.
Cérémonie de la Muse du Travail, 1939.
Photographie N et B, auteur inconnu.
Archives communales de Mérignac, 9 Fi 254.

 

En 1928, la municipalité Saufrignon avait créé un prix pour récompenser une jeune Mérignacaise méritante, issue d’une famille nombreuse. La « Muse du travail » est célébrée à Mérignac, louant la famille et le travail. Des valeurs chères à Benjamin Saufrignon et proches de celles inspirant la Révolution nationale.

Pour promouvoir les valeurs familiales incarnées par la mère, le gouvernement de Vichy inscrit la fête des mères au calendrier politique : la ville de Mérignac les honore le 25 mai 1941.