En 1940, Beaudésert voit l’ouverture d’un camp de regroupement destiné aux nomades.
Rapidement, les installations s’étoffent et le camp s’organise en deux sections : pour les étrangers et pour les internés politiques.

Des nomades regroupés à Mérignac

Par courrier du 25 octobre 1940, la Feldkommandantur* de Bordeaux ordonne à la préfecture de la Gironde d’appliquer les dispositions relatives aux « bohémiens » ** séjournant en zone occupée : les conduire dans un camp, sous surveillance des forces de police française. De nombreuses communes refusent l’installation de ce lieu de regroupement sur leur territoire.

* la Feldkommandantur est chargée d’administrer le département et de mettre en application les missions dictées par le commandement militaire.
** terme utilisé par l’administration allemande.
Correspondance de la Feldkommandantur prescrivant l’internement des « bohémiens » séjournant dans les territoires occupés, 25 octobre 1940. Archives départementales de la Gironde, 104 W 42.
Correspondance de la Feldkommandantur prescrivant l’internement des « bohémiens » séjournant dans les territoires occupés, 25 octobre 1940.
Archives départementales de la Gironde, 104 W 42.

 

Le camp de nomades ouvre finalement à Beaudésert, le 17 novembre 1940. La blanchisserie du centre hospitalier de l’armée américaine est alors le seul bâtiment dans l’enceinte. Un baraquement est en cours de montage, tandis que les familles présentes logent dans une trentaine de roulottes. Les rapports quotidiens du directeur du camp font état des travaux d’aménagement, du ravitaillement et des conditions sanitaires des nomades hébergés.

Arrêté de création du camp de nomades à Beaudésert, 11 novembre 1940. Archives départementales de la Gironde, 58 W 82.
Arrêté de création du camp de nomades à Beaudésert, 11 novembre 1940.
Archives départementales de la Gironde, 58 W 82.

Entre 297 et 321 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, vivent dans le camp de regroupement de Beaudésert jusqu’à sa dissolution par l’autorité d’Occupation, le 1er décembre 1940. Les nomades sont alors conduits vers d’autres lieux de regroupement.

Le « camp » vu de l’extérieur, décembre 1941. Photographie N et B, Studio Rolland Lhorme, Bordeaux. Archives départementales de la Gironde, 103 W 4.
Le « camp » vu de l’extérieur, décembre 1941.
Photographie N et B, Studio Rolland Lhorme, Bordeaux.
Archives départementales de la Gironde, 103 W 4.

Un camp, deux sections

À la fin de l’année 1940, les premiers aménagements du camp sont réalisés. Le ministère de l’Intérieur de Vichy ordonne, au profit de la préfecture de la Gironde, un crédit nécessaire à l’installation du centre de séjour surveillé (CSS). Sur ordre du préfet, l’architecte départemental prévoit deux quartiers séparés et éloignés l’un de l’autre : celui des communistes et celui des étrangers « indésirables ».

Pour faire face aux arrestations liées au regain de la propagande communiste et en attendant l’ouverture définitive du CSS de Mérignac, un centre provisoire est établi à l’Hôtel des Migrants, situé 24 quai de Bacalan, à Bordeaux. Le 13 mars 1941, il est transféré au camp de Mérignac. Les militants communistes y sont conduits une semaine plus tard.

Avant-projet d’un camp pour nomades, [1940]. Plan, [ill.] architecte du département. Archives départementales de la Gironde, 103 W 3.
Avant-projet d’un camp pour nomades, [1940].
Plan, [ill.] architecte du département.
Archives départementales de la Gironde, 103 W 3.

Le camp devient alors un camp mixte réparti en deux sections conformément aux instructions :
– la section des internés politiques sous contrôle du cabinet du préfet ;
– la section des étrangers gérée par le service des Étrangers.

Pour autant, les travaux ne sont pas achevés, conséquence des difficultés d’approvisionnement en matières premières.
Le camp est toujours en construction et n’est pas alimenté en eau. Malgré leurs équipements rudimentaires, les internés sont mobilisés pour participer au défrichage, au montage des baraquements et au chantier de terrassement. En dépit des demandes récurrentes du directeur, les travaux sont interminables et dureront jusqu’à la fermeture du camp.

Poste de vigie, vue de l’allée centrale, décembre 1941. Photographie N et B, Studio Rolland Lhorme, Bordeaux. Archives départementales de la Gironde, 103 W 4.
Poste de vigie, vue de l’allée centrale, décembre 1941.
Photographie N et B, Studio Rolland Lhorme, Bordeaux.
Archives départementales de la Gironde, 103 W 4.