Ce sont les préfectures qui, au titre de la police administrative, assurent la surveillance des partis politiques et exercent un contrôle ou des sanctions.
À Bordeaux, la « brigade Poinsot* » est particulièrement active dans la répression de la Résistance. Le 22 novembre 1940 se déroule la première opération de ce type, menée par la préfecture de la Gironde : 148 personnes suspectées d’actions de propagande communiste sont internées au CSS provisoire de Bacalan. Le camp de Mérignac accueille les internés politiques à partir de mars 1941.
Durant l’entre-deux-guerres, le Parti Communiste Français (PCF) est la formation politique la plus surveillée. Ses militants font l’objet d’un recensement par les services des Renseignements Généraux.
Le pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939 est soutenu par le PCF, favorable à la politique étrangère soviétique, ce qui le conduit à des prises de positions ambiguës. Alors que le gouvernement Daladier l’interdit le 26 septembre 1939, ses membres sont traqués par le gouvernement de Vichy, à partir de l’été 1940.
Avec l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, en juin 1941, le PCF bascule dans la résistance : sabotages, espionnage, attentats, publications clandestines.
Georges Durou a 16 ans lorsqu’il est arrêté, en février 1940, pour distribution de tracts communistes. Il est emprisonné au fort du Hâ et à Bacalan, puis interné à Mérignac, d’où il tente de s’évader. Le 20 janvier 1943, il est déporté en Allemagne au camp de Sachsenhausen.
En 2018, il fait don aux Archives départementales de la Gironde de ses archives, dont des photographies du camp de Mérignac. Elles viennent compléter les documents administratifs produits par les services de l’État.
À partir de 1941, la répression se durcit. Les autorités allemandes décident d’exécuter des otages par représailles d’attentats commis contre des soldats allemands. Cette « politique des otages » est particulièrement meurtrière entre 1941 et 1942.
Le camp de Souge, situé sur les communes de Martignas-sur-Jalle et Saint-Médard-en-Jalles, symbole de cette répression, est surnommé le « Mont-Valérien du Bordelais ».
Occupé par l’armée allemande en 1940, deux « enceintes de fusillade » y sont installées, servant à l’exécution des condamnés et des otages.
Le 21 octobre 1941, l’officier allemand Reimers est abattu à Bordeaux. Les Allemands arrêtent 50 otages, d’après une liste établie par les services de police français et recensant communistes et non-communistes. Trente-cinq d’entre eux sont internés au camp de Mérignac. Ils sont exécutés au camp de Souge quelques jours plus tard, le 24 octobre.
Le 21 septembre 1942, il est décidé de fusiller des otages, dont 70 au camp de Souge, par représailles d’attentats commis à Paris. Parmi les fusillés, il y de nombreux employés de la SNCASO, entreprise aéronautique de Mérignac, dont Gérard Blot et Gabriel Dupuy. Deux rues de la ville portent aujourd’hui leurs noms.
Entre 1941 et 1944, 256 personnes sont fusillées au camp de Souge après avoir été, pour nombre d’entre elles, internées au camp de Mérignac ou incarcérées au fort du Hâ à Bordeaux.
Georges Bonnac est à l’origine du premier groupe de Résistance de Bordeaux et devient l’un des principaux chefs du mouvement dans le Sud-Ouest.
Domicilié à Arlac, il s’installe provisoirement à Saint-Augustin pour se rapprocher de ses contacts et de la mairie de Bordeaux où il travaille.
Arrêté en mai 1944, il est déporté par le « train fantôme », qui met deux mois à rejoindre l’Allemagne. Il décède en janvier 1945, à Melk (Autriche), annexe du camp de Mauthausen.
Une place de Mérignac porte son nom, à proximité du lieu de son arrestation.