Les années 1930 sont marquées par une hausse de l’immigration en France alimentant un fort sentiment de xénophobie dans la population. Des étrangers arrivent pour raisons économiques (besoin de main d’œuvre) puis politiques : de nombreux réfugiés allemands, autrichiens et espagnols franchissent la frontière.
En 1936, le pays compte plus de 2 millions d’étrangers, placés sous haute surveillance. Le décret-loi de 1938 sur les « indésirables » achèvera de les catégoriser officiellement comme « suspects potentiels ».
Le régime de Vichy signe le rétablissement des quotas d’étrangers pour protéger la main d’œuvre française. Les camps d’internement apparaissent comme une solution au chômage des étrangers.
À Beaudésert, de nombreuses nationalités alimentent la section des étrangers ; les Espagnols sont majoritaires.
Certains internés mérignacais intègrent des Groupements de travailleurs étrangers (GTE). Les Allemands les mobilisent sur les chantiers de l’Organisation Todt*. Ils participent à construire les fortifications de la côte atlantique, dont la base sous-marine de Bordeaux.
De 1941 à 1943, près de 6 500 ouvriers français et étrangers, dont 3 000 espagnols, travaillent à la construction de la base sous-marine de Bordeaux.
Proche de l’Espagne, la région bordelaise est une terre d’accueil pour les réfugiés : en 1936, au début de la guerre civile, et à partir de 1939, lors de l’exode des Républicains fuyant le régime franquiste (la Retirada). En Gironde, 2 926 Espagnols sont recensés, 250 pour la commune de Mérignac.
Étrangers, pour la plupart communistes, ils sont doublement suspects pour les autorités. Les « Espagnols rouges » – comme les nomme la préfecture – sont considérés comme dangereux pour la sécurité publique et internés.
Nombre d’entre eux s’engagent dans la Résistance et participent à la lutte contre l’armée allemande, à l’image de José Epita Mbomo.