À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les nomades sont déjà contrôlés, fichés par les autorités administratives. Depuis 1912, les plus de 13 ans disposent d’un carnet anthropométrique, avec mesures corporelles, empreintes digitales et photos d’identité. Signé par les autorités locales, ce document permet de surveiller leurs déplacements.
À partir de 1940, les nomades ont l’interdiction de circuler : leurs allées et venues, durant lesquelles ils pourraient recueillir des renseignements, présentent une menace pour la Défense nationale. Ils sont assignés à résidence.
Entre le 17 novembre et le 1er décembre 1940, 319 nomades, des familles en majorité, sont arrêtés et internés à Mérignac. Ils sont ensuite déplacés, principalement vers le camp de la route de Limoges, à Poitiers. Soixante-dix hommes sont envoyés au camp de Compiègne, parmi lesquels 64 sont déportés* vers le camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen, au nord de Berlin. Tous y trouveront la mort.
Au total, entre 1940 et 1946, plus de 6 500 hommes, femmes et enfants, en majorité français, identifiés comme nomades sont internés en France.
Nombre d’entre eux meurent dans les camps d’internement en raison de conditions de vie précaires. Pour autant, la Libération n’est pas synonyme de libre-circulation pour les nomades. En vertu des dispositions prises en avril 1940, ils demeurent dans les camps où ils sont assignés à résidence jusqu’en 1946.
« Nomades » : ce terme est ici employé, car il l’est par les autorités françaises à partir de 1912. Il sera remplacé par celui de « gens du voyage » en 1969. Pour autant, il désigne globalement un ensemble de groupes aux origines et cultures diverses. En 1940, les autorités évaluent cette population à près de 40 000 personnes en France.