Il est possible de travailler dans le camp, contre rétribution. Une quarantaine d’hommes sont aussi employés à l’extérieur, sous la surveillance de gardes, par des entreprises manquant de main d’œuvre.
Derrière les barbelés, des ateliers s’organisent où les internés reprennent leurs outils et leurs métiers : forgeron, cordonnier, tailleur, coiffeur… L’atelier de menuiserie fournit les meubles du camp. Des enseignants dispensent des cours de français et d’histoire-géographie.
Au quotidien, les internés lisent, jouent aux cartes ou réalisent des travaux manuels. Une bibliothèque est installée et des internés donnent des conférences sur des personnages inspirants (des savants, écrivains, conquérants, saints…). Les Amis du camp de Mérignac montent une chorale, sous la direction de l’ancien chef d’orchestre de la Gaîté Lyrique et de l’Opéra-Comique.
Les fêtes traditionnelles, comme Noël, sont célébrées. Le curé de Mérignac officie les dimanches et jours fériés, d’abord dans le réfectoire de la section des étrangers, puis dans la chapelle aménagée en mai 1943.
Le Grand rabbin est autorisé à visiter les internés une fois par semaine.
Sonia Steinsapir ou Chteinsapir (1912-1980), juive de nationalité soviétique, était élève de l’École nationale des Beaux-Arts de Paris. Elle est arrêtée le 11 juillet 1941 alors qu’elle tente de passer la ligne de démarcation à Langon.
Internée à Mérignac, elle réalise trois lithographies représentant des internés qu’elle essaie d’envoyer à son ancien professeur, René Jaudon. Les trois plaques lithographiques sont saisies : aux yeux du directeur du camp, elles présentent un caractère tendancieux et pourraient servir de propagande subversive. Cet incident fait l’objet d’une enquête, à l’issue de laquelle Sonia Steinsapir a l’interdiction d’exécuter ce type de dessins.
Elle est transférée au camp de la route de Limoges, à Poitiers. Elle s’en évade le 1er janvier 1942 et rejoint Paris où elle se cache jusqu’à la fin de la guerre.