Femmes et hommes occupent des baraquements construits en simples planches sur des soubassements en ciment. L’hiver, la température intérieure y est glaciale, malgré l’installation de poêles. Le ravitaillement en combustible est difficile.
Dans un contexte de restrictions et de sous-alimentation, le ravitaillement est au cœur des préoccupations du personnel et des internés.
Les denrées alimentaires soumises au rationnement sont distribuées selon les mêmes conditions que pour l’ensemble de la population : les rations dépendent des catégories d’âge. Les cartes d’alimentation, confisquées à l’arrivée des internés, sont gérées par le personnel du camp.
Pain et pommes de terre sont les aliments de base. Les légumes (du chou essentiellement) sont cuisinés en soupe. Il n’y a quasiment pas de viande au menu, tandis que le poisson y figure parfois, en conserve.
Pour s’approvisionner en légumes, le gestionnaire doit se fournir aux Halles centrales de Bordeaux, aux Capucins. Il lui est interdit d’en acheter directement aux producteurs voisins du camp. Pour les autres denrées, il peut solliciter les commerçants mérignacais.
Dans ses rapports, le directeur fait état de conditions sanitaires satisfaisantes. La réalité est tout autre : le manque d’hygiène et la sous-alimentation ont des conséquences sur la santé des internés.
Une infirmerie est créée en janvier 1942, avec une salle d’attente, une salle de pansement et un dortoir. Les maladies bénignes y sont soignées par une infirmière diplômée. En cas d’urgence, médecin et dentiste peuvent intervenir. L’hospitalisation s’avère parfois nécessaire, et peut occasionner un report de déportation ou une évasion.
Éviter les épidémies et lutter contre les parasites sont des priorités. L’épouillage est systématique à l’arrivée au camp, dans un baraquement dédié à partir du printemps 1943.
Chaque jour, les internés ont l’obligation de procéder à leur toilette, de faire les lits, de balayer le plancher et ranger les dortoirs. Le camp ne sera équipé de douches qu’en juin 1942, et d’eau chaude à partir d’avril 1943.
Visites, correspondances et colis rythment la vie dans l’enceinte du camp. Des instructions régentent ces contacts et un service de censure contrôle la correspondance. Certains parviennent à y échapper.
Les colis reçus permettent aux internés de subsister. Ils contiennent les produits de base : nourriture, tabac, vêtements et objets du quotidien. Le règlement relatif à ces envois est strict : pas plus d’un, puis de deux par semaine, dans la limite de 10 kilos mensuels. Les colis sont fouillés avant d’être remis, et partagés avec ceux qui n’en reçoivent pas. Leur suspension, comme celle des visites, constitue une sanction possible.