Par courrier du 25 octobre 1940, la Feldkommandantur* de Bordeaux ordonne à la préfecture de la Gironde d’appliquer les dispositions relatives aux « bohémiens » ** séjournant en zone occupée : les conduire dans un camp, sous surveillance des forces de police française. De nombreuses communes refusent l’installation de ce lieu de regroupement sur leur territoire.
Le camp de nomades ouvre finalement à Beaudésert, le 17 novembre 1940. La blanchisserie du centre hospitalier de l’armée américaine est alors le seul bâtiment dans l’enceinte. Un baraquement est en cours de montage, tandis que les familles présentes logent dans une trentaine de roulottes. Les rapports quotidiens du directeur du camp font état des travaux d’aménagement, du ravitaillement et des conditions sanitaires des nomades hébergés.
À la fin de l’année 1940, les premiers aménagements du camp sont réalisés. Le ministère de l’Intérieur de Vichy ordonne, au profit de la préfecture de la Gironde, un crédit nécessaire à l’installation du centre de séjour surveillé (CSS). Sur ordre du préfet, l’architecte départemental prévoit deux quartiers séparés et éloignés l’un de l’autre : celui des communistes et celui des étrangers « indésirables ».
Pour faire face aux arrestations liées au regain de la propagande communiste et en attendant l’ouverture définitive du CSS de Mérignac, un centre provisoire est établi à l’Hôtel des Migrants, situé 24 quai de Bacalan, à Bordeaux. Le 13 mars 1941, il est transféré au camp de Mérignac. Les militants communistes y sont conduits une semaine plus tard.
Le camp devient alors un camp mixte réparti en deux sections conformément aux instructions :
– la section des internés politiques sous contrôle du cabinet du préfet ;
– la section des étrangers gérée par le service des Étrangers.
Pour autant, les travaux ne sont pas achevés, conséquence des difficultés d’approvisionnement en matières premières.
Le camp est toujours en construction et n’est pas alimenté en eau. Malgré leurs équipements rudimentaires, les internés sont mobilisés pour participer au défrichage, au montage des baraquements et au chantier de terrassement. En dépit des demandes récurrentes du directeur, les travaux sont interminables et dureront jusqu’à la fermeture du camp.